Les Ivoiriens votaient dans le calme samedi pour des élections municipales et régionales qui devraient permettre d’établir un rapport de force entre le pouvoir et une opposition rassemblée, à deux ans de la prochaine présidentielle.
La plupart des bureaux de vote ont ouvert à 8H00 (GMT et locales) et doivent fermer à 17H00, selon la Commission électorale indépendante (CEI).
Des retards ont été constatés par des journalistes de l’AFP dans certains bureaux de vote, notamment dans les communes abidjanaises du Plateau ou de Yopougon, en raison de l’absence de matériel de vote.
« Dans l’ensemble tout semble bien se passer », a déclaré à la mi-journée le président de la CEI, Ibrahim Kuibiert, reconnaissant « quelques soucis logistiques » dans certains bureaux mais « pas de quoi s’alarmer ».
« Aucune violence n’a été enregistrée depuis l’ouverture des bureaux de vote sur le territoire national », a pour sa part rapporté dans la matinée la plateforme citoyenne « Aube Nouvelle », qui recense les potentiels foyers d’embrasement lors des élections.
Samedi, après avoir voté à Cocody, une commune d’Abidjan, le président Alassane Ouattara s’est réjoui d’une campagne « apaisée », espérant une participation « la plus forte possible » aux scrutins.
Dans un bureau de vote de Cocody, Patrice Aka, 62 ans, est venu choisir le « meilleur projet », celui qui « améliorera son cadre de vie ».
« Les maires doivent s’occuper de la jeunesse, des écoles, des femmes qui souffrent sur les marchés, et de nos enfants qui ne travaillent pas », estime de son côté Toua Balelou, commerçante informelle de 64 ans, pour expliquer « l’importance » de son vote, dans la commune populaire de Yopougon.
Enjeu national
Le scrutin, qui doit aboutir à l’élection de 201 maires et 31 présidents de conseils régionaux, revêt également un enjeu national.
« Les trois principales formations politiques de la Côte d’Ivoire participent. Cela permettra de voir leurs forces et faiblesses avant la bataille présidentielle de 2025 », explique à l’AFP l’analyste politique Geoffroy Kouao.
Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), une vingtaine de ministres et présidents d’institutions se présentaient devant les électeurs samedi.
L’occasion d’identifier les figures qui pourraient se positionner en vue de la présidentielle.
Le président Ouattara, 81 ans, n’a toujours pas tranché la question d’une éventuelle candidature pour un quatrième mandat, et la liste de ses potentiels successeurs s’allonge.
« Ceux qui veulent regarder plus haut doivent avoir l’onction du peuple, de leur base. Ce sera quitte ou double pour plusieurs » personnalités de la majorité en lice samedi, estime l’analyste politique Arthur Banga.
La plupart des cadres du RHDP se présentent dans des localités traditionnellement acquises au parti au pouvoir, notamment dans le nord du pays où leur victoire fait peu de doute.
« Matchs » serrés
Face à la puissante machine RHDP, au pouvoir depuis 2011 et qui avait raflé 18 régions (sur 31) et 92 communes (sur 197) il y a cinq ans, l’opposition a tenté de jouer l’union sacrée.
Les deux principales formations, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de l’ex-président Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) orphelin de l’ancien chef d’Etat Henri Konan Bédié, décédé il y a un mois, ont fait de nombreuses listes communes.
Il s’agit des premières élections depuis le retour de M. Gbagbo dans le pays, en juin 2021.
L’ancien président (2000-2011), acquitté par la justice internationale après avoir été accusé de crimes contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2011, est toutefois toujours radié des listes électorales en raison d’une condamnation en Côte d’Ivoire, pour des faits liés à cette crise. Il n’a donc pas pu voter samedi.
Certains « matchs » s’annoncent serrés, à commencer par la commune de Yopougon, la plus grande d’Abidjan avec son 1,5 million d’habitants, un fief historique de Laurent Gbagbo.
Le président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, y défendra les couleurs du parti présidentiel, face à une opposition pour une fois désunie puisque Michel Gbagbo, fils de Laurent, et Augustin Dia Houphouët pour le PDCI mènent des listes séparées.
Au Plateau, riche quartier d’affaires d’Abidjan, un remake de l’élection de 2018 est au programme entre le sortant Jacques Ehouo (PDCI) et son challenger, l’homme d’affaires Fabrice Sawegnon pour le RHDP. Il y a cinq ans, le scrutin serré avait débouché sur des tensions.
Les résultats définitifs sont attendus la semaine prochaine.
AFP
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Last modified: 3 septembre 2023