Ambassade de la République de Guinée auprès des pays du Benelux et l'Union Européenne

Quel système éducatif et culturel pour la Guinée ?

1 janvier 2022

Par Abdoulaye RifcheDans mon pays, il y a des Écoles américaines, des lycées français comme Albert Camus pour les gosses de riches qui vont diriger le pays demain.
Sainte-Marie, les Écureuils, les écoles Molasy, Amadou Sylla, Saint-Georges… pour les enfants des « Boss ». L’allemand, l’espagnol, l’anglais, sont des langues enseignées.
Il y a même l’institut Conficius à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, où on apprend uniquement le chinois aux futurs cadres de mon pays.

Il y a aussi l’école coloniale pour le petit et pauvre peuple avec des programmes pauvres choisis spécialement pour abrutir les enfants au maximum et leur faire détester leurs origines.

Il y a même des Écoles libanaises où étudient uniquement les enfants libanais pour ne pas qu’ils oublient leur culture puisqu’ils ne sont pas chez eux.

Il y a aussi des écoles confessionnelles, des écoles catholiques et coraniques où on enseigne uniquement la bible et la culture arabe aux enfants Noirs, pour pérenniser la religion du colon et permettre d’assurer le mythe de leur supériorité sur la race Noire.

Mais très malheureusement, il n’y pas d’écoles Africaines. C’est un échec d’inscrire son enfant dans une école de Kanté Souleymane pour apprendre le N’ko. Si tu veux apprendre ta culture, tu ne trouveras aucune école qui enseigne le pular, le kissi, le wolof, le swahili…

Combien de fois nous avions été b.a.t.t.u.s, humiliés pour avoir parlé nos langues à l’école ?
Sous le couvert que c’était pour mieux nous obliger à saisir la langue du colon.
Combien ?

Aujourd’hui, je suis à la fois heureux et triste quand des jeunes viennent me solliciter pour apprendre un peu sur ce que je sais sur l’Afrique et la culture africaine.

Heureux parce qu’ils ont compris, triste parce qu’il n’y a quasiment pas de structure pour les aider, aucun espace. La promotion culturelle dans nos ministères se limite à la musique urbaine, même ça aussi c’est pauvre et vide de contenu.

Les bouquins en la matière coûtent trop chers et sont souvent indisponibles. Un ouvrage de Cheikh Anta Diop qui a passé sa vie à travailler sur notre identité est vendu à 50 euros, et pour l’avoir il faut contacter la France, comme s’il avait écrit pour la jeunesse française.

Pendant ce temps, l’œuvre de Victor Hugo coûte chez moi 2 euros, et tu peux la retrouver dans chaque coin de la rue, souvent gratuitement.
Au Centre Culturel Franco-Guinéen, les rayons sont bourrés des documents qui parlent de la culture occidentale, aucune œuvre de l’inventeur de N’ko, aucune œuvre du professeur Cheikh Anta Diop, le plus grand savant africain de ce siècle.

Les chercheurs qui écrivent sur nous sont chers lorsqu’ils publient chez les Éditions L’harmattan Guinée, parce que jusqu’à présent on n’arrive pas à imprimer nos ouvrages chez nous. On est capitale mondiale du livre, mais pas une seule imprimante pour pouvoir imprimer nos produits, L’État fait peu, merci à Monsieur Sansy qui fait beaucoup d’ailleurs.

Alors comment nos enfants peuvent-ils apprendre sur leurs origines ?
Demain, on dira qu’ils sont déracinés en ignorant le fait qu’il n’y avait rien pour les pousser à connaître leurs racines.
Et leurs dirigeants préfèrent avoir des moutons plutôt que des révolutionnaires.

Voilà la triste réalité chez moi!
Abdoulaye Rifche

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Last modified: 1 janvier 2022

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