Après 18 jours à l’intérieur, dans 12 préfectures, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme qui est accompagné de son chef de Cabinet, des directeurs de son département, s’est arrêté à mi-chemin après l’étape de Kankan au profit des missions à l’international au compte de l’Etat guinéen notamment en Europe et aux États-Unis d’Amérique.
Des jours durant, dans l’arrière-pays, le Garde des Sceaux a eu à diagnostiquer les difficultés que rencontrent les prisonniers et leurs parents dans les geôles des maisons carcérales, les retards dans les dossiers judiciaires au niveau de chaque juridiction. Au-delà de cette démarche, le ministre et sa grande délégation ont à travers cette mission d’inspection rappelé les responsables administratifs, communaux et préfectoraux leurs droits et devoirs, écouter les détenus. Ils ont eu des échanges francs et sincères sur le bon fonctionnement de la justice avec les citoyens, les avocats, les huissiers de justice, les procureurs ou juges d’instance, et organisé des formations des OPJ.
À la fin des différentes activités dans la ville de Kankan, aux environs de 22 heures, le jeudi 2 février 2023, Alphonse Charles Wright, dans une interview accordée à la presse, est revenu sur les grandes actions qui ont marqué cette tournée. « Le bilan est largement positif par rapport à tout ce qu’on a mené comme activité. Aujourd’hui, c’est une nouvelle phase de la refondation de l’État au niveau de la justice. La population dans son entièreté, de la Guinée forestière en Haute Guinée, a compris désormais que la justice doit rester et demeurer la seule boussole de leurs actions. Nous avons eu à former des officiers de police judiciaire, des administrateurs territoriaux régionaux, communaux et préfectoraux par rapport au code des collectivités, par rapport au code de procédure, au code de l’environnement, au code minier pour leur dire que désormais chaque acteur doit s’approprier le contenu des textes parce que dans tous les cas désormais, le département de la justice compte jouer comme toujours pleinement son rôle, en tant que département en charge de la conception de la politique du gouvernement en matière de l’État de droit, en matière de justice et surtout en matière des droits de l’homme », s’est réjoui le Garde des Sceaux.
Revenant sur les cas spécifiques des détenus, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme fait noter que ces gens-là bénéficient d’un bon traitement aujourd’hui. « Vous avez compris aujourd’hui que les détenus qui sont considérés comme des personnes oubliées ont bénéficié de l’écoute du Garde des Sceaux. Ils ont été écoutés, leurs difficultés ont été remontées, nous avons trouvé des solutions idoines, ces détenus bénéficient aujourd’hui des traitements qui cadrent bien par rapport à la dignité humaine. Beaucoup de choses restent à faire, notamment le plan des infrastructures. Nous allons engager un vaste mouvement d’investissement au niveau des infrastructures. Très bientôt Mandiana connaîtra une nouvelle prison, et la promesse à partir du mois de mars, on va engager les travaux de construction de la prison de Mandiana. Il faut aussi relever qu’aujourd’hui au niveau des juridictions, il y a un problème de vieillissement du corps de la magistrature, il y a un problème de manque de personnel. Il faudrait tout de suite penser à pouvoir redéployer les magistrats en tenant compte des besoins d’urgence »
Au-delà des difficultés citées ci-haut, il y a d’autres problèmes dans les juridictions. « Vous avez à côté de tout ça, la situation des mobiliers, la situation de tout ce qui est comme bien d’équipements au niveau des juridictions pour permettre aux magistrats de travailler dans des conditions les meilleures. Aujourd’hui, nous quittons avec le sentiment que nous avons pu prendre un échantillon pour dire que les réalités là quand-même bien elles ne sont pas les mêmes dans toutes les régions, mais on peut avoir aujourd’hui une base sur laquelle nous pouvons prendre une décision forte. Il s’agit notamment de redéployer les greffiers, de pouvoir identifier les endroits qui doivent bénéficier de la construction des maisons de justice parce qu’on a l’impression que les citoyens violent la loi parfois par ignorance, même s’il est de principe que nul n’est censé ignorer la loi, mais il est de notre devoir pour qu’il y ait l’accès à la justice que les justiciables puissent avoir quand même un espace leur permettant de leur expliquer leurs droits », argumente l’ex Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry.
Pour finir, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme a profité pour expliquer la raison pour laquelle il a décidé d’écourter la mission qui devrait le conduire dans d’autres préfectures de la Moyenne Guinée et de la Basse Guinée. « C’est très important. Donc, nous sortons satisfait mais je promets encore qu’après ma mission à l’étranger je dois revenir sur le terrain parce qu’il faut aller en Moyenne Guinée, en Basse Guinée pour rencontrer les acteurs de la justice, la population, ce n’est que partie remise, les cadres sont aussi fatigués, il y a des cas de maladie, on a beaucoup carburé, sans répit mais le devoir voudrait qu’on continue le travail puisque c’est ce pourquoi nous sommes là et que nous nous battrons comme je l’ai toujours dit avec les acteurs de la justice que sont les huissiers, les avocats, les magistrats pour que nous contribuions de manière positive au bon fonctionnement des juridictions. Vous avez écouté les avocats, ils ont dit au garde des Sceaux ce qu’ils pensent, ils ont dit leurs difficultés qu’ils estiment être des difficultés liées non seulement à l’exécution des décisions de justice mais aussi des difficultés liées à ce qu’on appelle le traitement de tous devant la loi. Ça ce sont des questions qui sont sincères qui ont été discutées entre magistrats, huissiers de justice, avocats que nous comprenons bien ».
Mamadou Yaya Barry
Last modified: 4 février 2023