Alpha Oumar Domingo Camara, ancien cadre de la Société des Bauxites de Guinée (CBG), malade depuis plusieurs années, assis dans un fauteuil roulant après que son pied a été amputé suite à un faux diagnostic qui aurait été par la CBC et qui l’aurait déclaré diabétique. Il a été mis à la retraite anticipée et abandonné à son sort. Ce jeudi 29 juillet 2021, au cours de son intervention dans l’émission “Mirador de FIM Fm”, son épouse Saïbatou Diallo est d’abord revenue sur les circonstances de la maladie de son époux.
«C’est le mardi 15 septembre 2015 mon mari est parti au travail, c’est là-bas qu’il a eu la maladie. Ce jour-là il était parti récupérer ses résultats. Chaque année, les travailleurs font un examen. Quand il est parti récupérer ses dossiers, ils ont dit qu’il n’avait rien. A son retour, il a constaté que sa main était lourde. Il s’est retourné voir son médecin et lui a dit : ‘’vous m’avez dit que je n’avais rien mais je ne peux plus supporter ma main’’. On lui a donné un papier, il est revenu à l’hôpital de Sangaredi .Il a passé la nuit, le lendemain il est tombé du lit. On nous a évacués directement à Kamsar le 16 septembre. Ils sont revenus nous dire qu’il est diabétique… J’ai dit jamais, on ne m’a jamais signalé cela. On lui a donné un produit. La nuit-là mon mari n’a pas pu dormir, il insultait. Je suis partie voir l’infirmière, je lui ai dit ‘’viens voir l’état de mon mari’’. Et c’était à 1h de matin…
Il y avait une petite plaie au niveau de l’orteil de mon mari mais tous les jours c’était un problème pour le pansement. Moi-même je me suis décidée et je leur ai dit que désormais moi-même je vais envoyer mon mari pour faire son pansement. Un jour, un certain Bangoura m’a dit : “vous savez ce que vous allez faire, quittez ici, je ne veux plus vous voir.” Je lui ai dit pour aller où ? Il m’a dit : “on va vous transférer à la chirurgie”. Il y avait un Blanc là-bas il m’a dit : “tu as quel problème, femme fidèle”? Je lui ai dit, vous êtes tous là vous voyez l’état de mon mari et chaque jour vous évacuez les gens au Maroc. Mon mari est là il a fait combien de temps? »
Poursuivant ses explications, elle est aussi revenue sur le calcaire qu’elle a vécu avec son mari qui a finalement été évacué à Conakry. «C’était au mois de novembre. Nous sommes partis à Conakry, on y a fait un mois 3 semaines. On nous a envoyé dans une polyclinique chez monsieur Barry alors qu’en quittant ici on nous avait dit d’aller voir le Professeur Cissé, le neurologue qui est à Simbaya. Je suis partie au dispensaire, j’ai vu les médecins qui étaient là-bas. Je leur ai dit que nous nous ne sommes pas venus dans une clinique, on nous a dit de venir voir le professeur Cissé . Ils m’ont dit : ” madame, vous êtes médecin ?” J’ai dit je ne suis pas médecin mais je suis venue à côté de mon mari et je dois le surveiller de près. Ils ont même crié sur moi. Le médecin qui a fait la radio de la plaie nous avait dit que ce sont les veines qui sont bouchés donc il fallait l’évacuer urgemment pour les déboucher. Heureusement, quand je partais Conakry, le Blanc qui était à Kamsar m’avait donné son numéro, qu’en cas de problème de l’appeler. Moi aussi à 6 heures du matin je l’ai appelé et je lui ai dit qu’il y avait un problème. On dit que ce sont les nerfs qui sont bouchés. Donc faites tout pour l’évaluation. Le Blanc m’a dit : ‘’rentrez à Kamsar”. On s’est retourné à Kamsar.», a-t-elle expliqué.
Selon dame Saïbatou Diallo, le parcours ne s’est pas arrêté. Après Conakry, elle et son mari sont rappelés à Kamsar encore où le pied de monsieur Domingo a été amputé.
«En rentrant à Kamsar, je me suis croisé avec le Blanc et c’était vers 15heures. Lui-même il a pris mon mari, il lui a fait l’échographie. Il a affirmé que ce sont les veines qui sont bouchées. Je lui ai dit : ‘’alors évacuez mon mari. Il m’a dit : ‘’ vraiment madame je ne peux rien faire pour vous ici. Ce sont les Noirs qui décident, pas nous’’. Je lui ai dit ‘’Docteur vous n’avez pas prêté serment. Il m’a répondu : ‘’bien sûr j’ai prêté serment mais ce que je vous ai dit, c’est ça. Je ne peux rien faire pour ton mari.” Même docteur Bouba a confirmé que c’est les veines qui sont bouchées. Ils m’ont dit que si je restais à Conakry on allait amputer son pied. Donc ils ont décidé de suivre son traitement ici. Mais après un mois encore, on nous a envoyés à la chirurgie et le 5 mars ils ont amputé le pied. J’ai tout fait, je suis venue voir le directeur de la mine, le médecin-chef, le syndicat, le personnel, tout le monde, il n’y pas ce que je n’ai pas fait. On a fait 8 mois à Kamsar, sans évacuation ils ont amputé le pied de mon mari, ils nous ont dit de rentrer urgemment à Sangaredi. J’ai dit ‘’jamais’’. Vous qui avez amputé le pied de mon mari, vous allez le traiter ici. Ce jour, j’ai même appelé l’assistante sociale de la CBG, une femme très gentille. Elle a dit maintenant ce que nous allons faire, le monsieur va rester ici jusqu’à ce que la plaie soit guérie après ils vont rentrer à Sangaredi. Donc, on est resté là-bas jusqu’au mois d’avril, on s’est retourné à Sangaredi.», a-t-elle ajouté.
Plus loin, cette épouse désespérée dira que c’est après 3 mois de l’amputation que son mari qu’il a été évacué au Maroc. Et c’est là-bas qu’elle apprendra que son mari n’était pas diabétique. «Lorsque nous sommes arrivés au Maroc, après la consultation, on nous a dit que mon mari n’est pas diabétique. Ils ont même jeté le sucre qui était avec moi. Ils m’ont demandé “pourquoi je donnais le sucre à mon mari”. Je leur ai dit que c’est parce que qu’on m’a dit que mon mari est diabétique. Ils m’ont dit “non, il n’est pas diabétique”. J’ai dit quoi? Ils m’ont dit qu’il n’est pas diabétique. À mon tour, nos médecins qui étaient au Maroc, ils étaient plus de 5 à 6 ils étaient partis pour la formation, je les ai appelés un à un, je leur ai dit de venir regarder puisqu’ on m’a dit que mon mari n’est pas diabétique et ils ont amputé son pied en Guinée et puis c’est mal fait. Et même l’orthopédiste qui était là-bas a dit qu’il ne peut rien faire pour mon mari et que le travail est mal fait, de lui dire le nom du médecin qui avait fait cela. Je lui ai dit que c’est un certain Papa Koly. Il m’a dit : “le docteur là ne connaît pas faire son travail, moi je ne peux rien faire pour ton mari’’. On est resté là-bas pour 2 mois et on est revenu à Sangaredi.
Un jour, je vais à Kamsar pour voir la directrice. Je lui ai dit : Dr Fatou, vous avez amputé le pied de mon mari il n’était pas diabétique. Elle m’a dit carrément que c’est à cause de la cigarette qu’ils ont amputé son pied. Je lui ai dit madame, est-ce que à cause de la cigarette on peut amputer quelqu’un ? Elle a dit oui. Elle a appelé le médecin-chef qui est à Sangaredi d’aller convaincre encore mon mari et de lui faire retourner pour qu’on puisse régler ce qui est amputé là. Je lui ai dit que ce n’est pas possible puisque mon mari n’est pas un morceau de viande. C’est fait et c’est fini. Vous avez laissé mon mari dans un fauteuil roulant, on va rester dans le fauteuil.», a-t-elle expliqué.
Selon cette femme, elle vit en brousse avec son et ses enfants sans aucune assistance et que Souleymane Traoré, le DG et sa secrétaire ne prennent plus ses appels.
«Jusqu’à présent, pas de pension, pas de rappel, même là où nous logeons on nous a fait sortir en plein 14 heures. Là où je loge maintenant là, il n’y a pas de courant, pas d’eau et mon mari est privé de tout, mes enfants aussi souffrent. Je suis ici en brousse..
Un jour nous étions au salon, le personnel et les syndicats sont venus nous trouver au salon et on ne s’attendait à rien, ils nous ont dit qu’il y a un papier que mon mari doit signer et que d’ici 15 heures la direction avait besoin de ça et que mon mari doit aller à la retraite parce qu’il ne fait rien maintenant à la CBG . Ce jour là j’ai pleuré. Ils m’ont dit madame il faut ça. Je lui ai dit que mon mari ne va rien signer. Ils m’ont dit : “d’accord on va envoyer le cas de ton mari à la caisse nationale et vous n’aurez plus de rappel et rien d’autre. C’est ainsi que mon frère m’a dit de le faire. Donc, finalement comme c’est mon frère est intervenu j’ai accepté que mon mari signe. Et depuis lors c’était le 9 décembre 2019 jusqu’à présent il n’y pas de pension, même ses soins médicaux ont été bloqués à l’hôpital. On nous a sorti de la maison alors qu’il y a des gens qui ne travaillent même pas à la CBG et ils sont dans la cité. Il y a des maisons vides fermées ici, ils ont abandonné mon mari. Celui qui a fait 30 ans 6 mois de services, un formateur polyvalent tout le monde connaît Alpha Oumar Domingo. Ils le connaissent tous, parce que même tout dernièrement lorsque je suis passée dans l’émission ‘’Les Grandes Gueules’’, le Directeur Général, Souleymane Traoré lui-même il m’a appelé à Kamsar, j’étais partie le voir, à deux. De 16 heures à 18 heures, nous étions ensemble, on discutait. Pour moi mon problème est résolu. Il m’a dit : “dans 2 semaines madame je vais te répondre”. J’ai pleuré, j’ai dit : ‘’directeur au secours, au secours. Je ne demande pas quelque chose mais aidez-moi au moins même si c’est pour aller laver vos voitures ou bien aller à RBQ là-bas afin que je puisse travailler pour que je puisse prendre mon mari et mes enfants en charge. Mes enfants sont malades, ils ont l’habitude d’aller au Maroc pour le traitement mais même cela est bloqué. Là où je suis maintenant c’est critique, on ne peut pas dire tout. Ils ne prennent plus mon numéro. Ce que Souleymane a fait à mon mari, c’est un fauteuil roulant plus son papier de règlement. Ils ont saboté mon mari, mais Dieu va les punir un à un.», a laissé entendre cette dame en colère.
Christine Finda Kamano
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Last modified: 30 juillet 2021