Le mardi 21 septembre dernier, en marge de la concertation entre les autorités du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et les hommes de droit pour une transition inclusive et apaisée, des magistrats ont reconnu devant le président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya, qu’ils étaient contraints de dire toute la vérité dans les prises de décision par une pression de l’Exécutif.
Dans la commune urbaine de Kankan, certains activistes de la société civile rencontrés par notre correspondant fustigent ces propos. Dr Lounceny Cherif, le président du Conseil régional des organisations de la société civile de Kankan, exprime toute sa désolation vis-à-vis de cette attitude. « J’ai été très surpris et très déçu parce qu’à ce que je sache aucun d’eux n’a démissionné. Lorsqu’on a un devoir et qu’on est entravé de faire ce devoir, on doit démissionner. Si les gens n’ont pas démissionné et ils ont attendu, alors qu’on sait tous ce qui se passe au niveau de la justice, pour venir maintenant raconter qu’ils étaient empêchés ou contraints, je pense qu’ils doivent tirer eux-mêmes les leçons. »
Quant à Bangaly Sylla, coordinateur de l’ONG Givingway à Kankan, il pointe du doigt ce qu’il considère comme l’irresponsabilité des magistrats.
« C’est une démission de leur part et si je peux aller loin pour dire un aveu de faiblesse, parce qu’on ne peut pas tout mettre sur le dos de l’ancien président parce qu’il n’est plus là. Le président a fait beaucoup pour cette corporation, il leur a donné le statut particulier afin qu’ils soient indépendants et a augmenté leur salaire, donc je ne suis pas du tout d’accord avec eux, c’est un aveu de faiblesse, c’est un mea-culpa et ça prouve combien de fois ils sont irresponsables dans notre pays », dénonce-t-il.
Poursuivant, cet activiste de la société civile pense que la seule issue pour ces magistrats qui dénoncent la pression de l’ancien système, était la démission.
« Dans notre pays, on sert un homme mais pas la république. Il faut maintenant qu’on commence à servir la république et non un homme. Si j’étais à la place de ces magistrats, après mûres réflexions, j’aurais démissionné de la magistrature guinéenne, parce qu’ils ont montré à la face du monde qu’ils ont contribué à engendrer la dictature dans notre pays », martèle Bangaly Sylla.
Ahmed Sékou Nabé, correspondant à Kankan
TEL : 623 77 06 09
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Last modified: 24 septembre 2021