Connue de tous ou presque dans les différents carrefours de la commune urbaine de Kindia, capitaine Pauline Tolno est l’une des braves femmes qui exerce son métier avec professionnalisme. A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes célébrée ce 8 mars 2022, Mediaguinee à travers son correspondant régional s’est intéressé de la vie professionnelle et quotidienne de cette policière qui est aux manettes tous les jours dans les différents points stratégiques de la ville de Kindia. Nous vous proposons cette interview qu’elle a accordée à votre quotidien en ligne.
Mediaguinee : Bonjour madame Camara, Tolno Pauline, aujourd’hui 8 mars correspond à la journée internationale de la femme, dites-nous comment accueillez-vous cette journée ?
Capitaine Pauline : D’abord, je vous remercie et je commence à souhaiter bonne fête à toutes les femmes au monde et celles de la Guinée en particulier. Nous accueillons cette journée avec tant d’enthousiasme. C’est une journée historique qui nous permet nous femmes, de manifester nos joies et dénoncer les difficultés dont nous souffrons. Donc, je suis très contente de cette journée.
Mediaguinee : Vous êtes aujourd’hui une policière renommée à Kindia, dites-nous comment est venue l’idée d’intégrer la police ?
Capitaine Pauline : J’ai commencé à la juridiction et c’est en 2014 que je suis venue à la sécurité routière. Ce travail, je le voulais et j’ai passé par un concours à la suite duquel j’ai fait l’école avant de sortir fonctionnaire d’Etat. Donc, ça a été une volonté personnelle.
Mediaguinee : Comment était le début, une femme parmi les hommes lors des séances de formation et autres. Est-ce qu’il y avait une discrimination ?
Capitaine Pauline : Parmi les hommes, vraiment c’était très difficile à tenir mais comme j’avais un but qui n’était rien d’autre que d’arriver à bon port. Je me suis inscrite dans le conformiste, j’ai confronté les hommes pour atteindre mon objectif.
Mediaguinee : Aujourd’hui, vous êtes visible au niveau de tous les ronds-points de Kindia. Et la gestion de la circulation routière rime parfois avec des injures, de violence entre les agents et les usagers des engins roulants. Comment vous parvenez à vivre cela au quotidien ?
Capitaine Pauline : Au quotidien, c’est difficile. Il y a des conducteurs qui circulent sans avoir le mérite de conduire. D’autres, quand ils viennent sans les papiers et qu’on les arrête pour le contrôle. Ils se mettent immédiatement à crier sur toi de façon violente. Il y a des gens même qui t’insulte et quand je suis victime de ça parfois, je me temporise et j’envoie les dossiers à nos chefs pour les examiner mais quand on m’insulte, ça me fait beaucoup très mal, on te rabaisse, parfois des jeunes qui ne peuvent être que tes enfants mais comme nous on a été formé pour ça, on encaisse le coup.
Mediaguinee : Au-delà de votre manteau de policière, vous êtes une épouse, une mère d’enfants. Dites-nous comment vous conciliez le service aux activités ménagères ?
Capitaine Pauline : Moi, je tiens bien mon foyer. Je me lève tous les jours à 4 heures du matin, je fais l’entretien de mes enfants. Je les envoie à l’école et à 14 heures, ils reviennent à la maison. Il y a leur sœur qui prépare et parfois même c’est moi qui fait la cuisine avant de venir au service.
Mediaguinee : Généralement, dans les foyers, les femmes prêtent mains fortes aux hommes qui sont au chômage ou à la retraite pour soutenir la famille. Est-ce que dans votre foyer c’est le cas ?
Capitaine Pauline : Non, je n’ai pas ces difficultés parce que moi, chaque matin, mon mari me donne la dépense avant de sortir mais si j’ai les moyens de l’aider, je vais le faire.
Mediaguinee : Vous êtes une femme policière, ces dernières années, nous avons enregistré plusieurs cas de violences faites aux femmes. Elles sont parfois victimes de vol, de viol, d’exploitation, d’agressions et voire d’assassinats. Que ressentez-vous sur ces genres de situations ?
Capitaine Pauline : Face à ces faits, je me sens inerte, triste, je suis même énervée. C’est pourquoi, je profite de l’occasion pour demander aux autorités de venir en aide aux femmes et surtout celles qui sont parfois victimes.
Mediaguinee : De nos jours, il y a des femmes qui obtiennent des opportunités ou qui ont l’envie de devenir policière mais vu ce qui se passe parfois aux grands carrefours, elles renoncent. Quel est le message que vous pouvez les adresser ?
Capitaine Pauline : Ce que je vais leur dire, c’est de faire face à leur destin. La police est une activité internationale et professionnelle. Et c’est la meilleure façon de rendre service à leur pays. De ne pas hésiter à faire ce qu’elles aiment.
Mediaguinee : A l’occasion de cette journée des femmes, quel message adressez-vous à la population guinéenne et plus particulièrement aux femmes ?
Capitaine Pauline : C’est un message de joie, de se remettre en question, nous femmes. De se lever pour faire comme les hommes. Comme on le dit souvent, tout ce que femme veut, Dieu le veut. Je souhaite bonne fête à toutes les femmes du monde et à toutes les femmes de mon pays, la Guinée.
Aboubacar Dramé, correspondant régional à Kindia.
+224 623 08 09 10
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Last modified: 8 mars 2022