Treize ans après les faits, le procès des événements du 28 septembre 2009 se tiennent depuis la semaine dernière, au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry. Les jours à venir, les débats sur le fond vont s’ouvrir dans ce procès tant attendu.
Dans une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, Cheick Sako, l’ancien ministre guinéen de la Justice explique le retard de l’ouverture du procès par un manque de volonté politique.
L’ancien Garde des Sceaux révèle dans les colonnes de JA que les Guinéens seront surpris lorsque certains noms seront cités lors des audiences.
« Je ne suis pas dans la tête de l’ex-président mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y avait pas de volonté politique. Le fait que certaines personnes inculpées soient alors à des postes importants dans l’administration, voire à la présidence, posait des problèmes. Je ne vous donnerai pas de noms, il ne faut pas jeter les gens en pâture. Mais je pense que lors de ces audiences, les Guinéens vont être surpris lorsque certains noms vont apparaître. C’est tout ce que je peux vous dire », a indiqué Me Cheick Sako, dans JA.
Ministre de la justice durant cinq ans sous Alpha Condé, Me Cheick Sako admet avoir œuvré pour la tenue du procès des événements du 28 septembre malgré la réticence de certaines personnes de la Présidence de la République.
« Il ne faut pas jeter la pierre au régime d’Alpha Condé. On m’a laissé travailler pendant un peu plus de cinq ans sur ce dossier, même si cela ne faisait pas plaisir à tout le monde. En 2014, trois magistrats instructeurs étaient déjà désignés, j’ai alors fait accélérer l’instruction, qui a été clôturée en décembre 2017, en leur accordant des moyens », a souligné Me Cheick Sako chez nos confrères de JA
Et d’ajouter : « Puis Toumba Diakité a été interpellé à Dakar et extradé. Ce n’était pas simple : dans un temps très court, il fallait que deux magistrats, des gendarmes et des militaires aillent le chercher, mais nous l’avons fait et l’intendant militaire nous a beaucoup aidé. Il y a eu également l’audition de Moussa Dadis Camara à Ouagadougou pendant une dizaine de jours, suivie de son inculpation. Ce fut une avancée majeure.
Enfin, l’élément essentiel qui a permis la tenue du procès a été la mise en place du comité de pilotage, par arrêté ministériel. Le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana a accepté de me soutenir, contrairement à certaines personnes à la présidence. Le comité avait proposé un lieu, l’ancien cinéma Liberté, et ficelé un budget d’environ 70 milliards de francs guinéens. Nous n’étions pas si loin de pouvoir tenir les audiences », a-t-il ajouté.
Comme bon nombre d’observateurs, Me Cheick Sako estime que Sékouba Konaté, ex-président de la transition et ministre de la défense à l’époque des faits doit comparaître pour dire ce qu’il sait des événements du 28 septembre 2009.
« Il est important que le général Konaté vienne témoigner durant ce procès. Il faut qu’il dise ce qu’il sait dans cette affaire. Quant aux exécutants, beaucoup n’ont pas été arrêtés. Il faudrait que les accusés puissent parler pour dire tout ce qu’ils savent. De même que les victimes et les témoins. Il faut s’attendre à beaucoup de surprises : les avocats des deux parties peuvent demander la comparution de telle ou telle personne en qualité de témoin. Il me semble que ce procès commence seulement à livrer toutes ses vérités », a déclaré Me Cheick Sako.
Il faut retenir que onze (11) personnes dont l’ancien président de la transition entre 2008-2009, Moussa Dadis Camara sont inculpées par le TPI de Dixinn pour les événements du 28 septembre 2009 lors desquels plus 150 personnes ont perdu la vie selon les organisations de défense des droits de l’Homme.
Sadjo Bah
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Last modified: 8 octobre 2022