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Démolition de l’hôpital Ignace Deen : des citoyens s’opposent à l’idée du ministre Péthè Diallo

15 janvier 2023

« Une fois que Donka est ouvert, nous allons nous appesantir sur le projet de l’hôpital Ignace Deen. Là-bas, ce n’est pas une rénovation, c’est une construction. Nous allons construire des nouveaux bâtiments. Si vous souhaitez voir l’hôpital Ignace Deen tel qu’il est avant qu’on le casse, allez prendre des photos parce que vous ne verrez plus que dans le musée. Ce sera un hôpital du 21ème siècle qui va être érigé sur le site, une fois qu’on l’aura fait ». C’était une annonce faite par le ministre de la Santé Mamadou Péthè Diallo, le 20 juillet dernier dans les médias de la place.

Pour savoir la portée de cette décision, Mediaguinee a interrogé certains citoyens qui ne s’opposent néanmoins pas à l’idée, mais estiment que la construction de cet hôpital -situé à Kaloum, au centre-ville de la capitale Conakry- qui fait partie des patrimoines de notre pays, serait synonyme de disparition d’un monument historique de la Guinée. C’est pourquoi ils optent plutôt pour sa rénovation, à l’image de Donka.

 » (…) On maintient tous les éléments liés à notre histoire. Ce qu’on a à renouveler, qu’on le fasse pour que ça prenne beaucoup de place aussi. C’est pourquoi moi je pense que cette annonce du ministre est bonne et mauvaise à la fois. On peut donc renouveler cet hôpital sans le détruire»

« Pour moi, reprendre carrément la construction de cet hôpital est à la fois bonne et mauvaise. D’abord pourquoi ce n’est pas une bonne chose, déjà c’est un patrimoine, construit à l’époque coloniale que feu président Ahmed Sékou Touré nous a laissé. Par son ancienneté, le nom Ignace Deen répond même à celui d’un Béninois, l’ami à notre premier président. C’est donc un acquis», a indiqué Mara en service au sein de cet hôpital.

Rencontrée sur les lieux, Mme Fofana, âgée de plus de 70 ans, fait partie des connaisseurs de l’histoire de cet hôpital. C’est pourquoi elle sollicite du ministre, sa rénovation afin de maintenir les acquis du pays. 

« D’abord cet hôpital s’appelait Noël Balley, premier Gouverneur de la ville de Conakry, puis Ignace Deen. De ne donc pas gâter ce monument pour construire, mais de bien le renouveler, pour ne pas faire disparaitre ces appellations qui ont un lien avec l’histoire de la Guinée», a-t-elle recommandé. 

Travailleur également à Ignace Deen, Fara Kamano, lui, a évoqué un autre aspect qui rendrait la vie difficile aux patients, lorsque ce projet de construction de cet hôpital verra le jour. 

« Vous savez, il y a de ces services ici à Ignace Deen qui ne se trouvent pas à hôpital Donka. C’est vrai que c’est une décision ministérielle à laquelle nous ne pouvons pas nous opposer, mais que Monsieur le ministre de la Santé essaie de voir certains facteurs. Mais si on dégage tout à la fois, ce n’est pas bon. C’est de faire alors les travaux petit à petit jusqu’à aboutir», a-t-il proposé. 

Pour le premier intervenant, la décision du ministre pourrait être une bonne chose, en ce sens qu’on peut renouveler cet hôpital sans toucher à ses acquis. 

 » C’est-à-dire qu’on maintienne tous les éléments liés à notre histoire. Ce qu’on a à renouveler, qu’on le fasse pour que ça prenne beaucoup de place aussi. C’est pourquoi moi je pense que cette annonce du ministre est bonne et mauvaise à la fois. On peut donc renouveler cet hôpital sans le détruire», a-t-il souligné.

Autre chose évoquée par nos répondants, c’est  l’agrandissement de l’hôpital de Matoto afin qu’il devienne centre hospitalier universitaire. Ou encore, agrandir celui de Matam. Mais : « qu’il ne faudrait pas qu’on se limite simplement à Donka et ici. En s’intéressant à certains hôpitaux dans d’autres communes, cela pourrait diminuer les difficultés liées à l’accès des patients à la ville, qui sont obligés parfois de venir se faire traiter jusqu’à Donka ou Ignace Deen». 

Sâa Robert Koundouno

Last modified: 15 janvier 2023

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