Les victimes de violences et de crimes de sang sous le régime d’Alpha Condé ont commencé à être auditionnées ce vendredi à la cour d’appel de Conakry.
Après son audition, Mamadou Kissi Barry l’une des victimes est revenue sur cette journée de violence qu’il aurait subie en 2013 et dont il garderait les séquelles. « Je suis victime de coups et blessures en 2013. C’était une journée de manifestation de l’opposition pour les législatives. J’étais à la maison couché et j’ai entendu du bruit derrière ma clôture, dès que je suis sorti, les policiers sont rentrés, dès qu’ils m’ont vu, ils ont dit voilà un leader ici. L’un m’a terrassé (…) J’ai été tabassé pendant toute la journée; les photos sont là. On m’a amené à l’hôpital « mère et enfant », on n’a pas pu me soigner, parce que je saignais trop du nez. Je suis parti pour Dakar, j’y ai passé trois (3) mois. Jusqu’à présent j’ai mal au nez, à la tête et au pied aussi, parce qu’ils ont cassé mon pied et mon nez. Ils ont arrêté mon frère aussi, ils lui ont retiré son téléphone. Ils nous ont amené à la police. On nous a enfermé jusqu’à 16h. Ils nous ont libéré à travers une caution de 650 mille francs guinéens. »
Apparemment confiant que justice lui sera rendue, notre interlocuteur a apprécié par ailleurs cette première audition. « Les officiers de la gendarmerie et de la police nous ont bien interrogé pendant deux heures de temps. On a tout dit. Ils ont écrit. Mais on a pas encore signé. Puisqu’ils disent que le scanner n’est pas bon. »
« Les autres victimes n’ont qu’à venir. On est nombreux. Dans mon quartier seulement à Yattaya Focidet, il y a plus de dix (10) morts là-bas. Je leur ai expliqué mais elles ne sont pas encore venues. Mais quand je rentre aujourd’hui, je vais leur dire de venir » a-t-il promis.
En charge de défendre ces victimes, Me Thierno Souleymane Baldé a donné des détails. « Ce ne sont pas juste des victimes de crimes de sang. Il y a aussi ceux qui sont victimes de coups et blessures; de destruction de biens privés, menaces… Il y a un groupe de personnes qui a été auditionné aujourd’hui. Chaque vendredi, on aura un groupe de personnes. Parce qu’au niveau logistique, il n y a pas suffisamment d’ordinateurs afin d’avoir plusieurs équipes pour les entendre. Nous allons voir si on peut aussi programmer certaines séances d’auditions les jeudis. »
Avant d’évoquer la suite de la procédure qui doit déboucher sur des procès. « A la fin, nous allons continuer avec les différents témoins. Lorsque la procédure des auditions sera bouclée au niveau de l’enquête préliminaire au niveau des officiers de police judiciaire, le dossier sera transmis au niveau du doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance de Dixinn. Il y aura une étape qui consistera à entendre les personnes qui seraient éventuellement coupables de délits ou de crimes, afin de déterminer s’il y a des éléments de preuves suffisants pour pouvoir les inculper et éventuellement les traduire en justice. Aujourd’hui ce n’est que le début. Le chemin sera long, mais nous allons y arriver. Puisque nous n’allons pas abandonner. »
Il a précisé qu’il a, « une liste d’à peu près 260 personnes au niveau uniquement de la commune de Ratoma. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com
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Last modified: 21 janvier 2023