Apparemment, le président du parti MoDeL, Aliou Bah suit de près le dérouler de la transition actuelle, à sa tête, le Colonel Mamadi Doumbouya. Loin du pays des siens, Aliou Bah s’est prononcé ce mercredi 1er février 2023 sur la situation sociopolitique de la Guinée dans l’émission ‘’Mirador’’ de la radio Fim FM.
Parlant de l’élasticité du calendrier de la transition en cours, il a mentionné qu’il y a un fort risque que le CNRD risque de dévier. Ce qui va sans nul doute selon lui, emmener les nouvelles autorités à s’éterniser au pouvoir comme ce fut les cas du CMRN (1984-1993), mais aussi du CNDD en 2009.
Malgré l’accord deux (2) ans conclu entre le CNRD et la CEDEAO autour de la durée de cette transition entamée le 5 septembre 2021, les opposants guinéens n’excluent des doutes quant à la volonté manifeste des nouvelles autorités à s’éterniser au pouvoir. Pour Aliou Bah du Model, ces militaires actuellement à la tête du pays, doivent comprendre que ‘’la plus grande et la plus noble des réussites d’une transition, c’est de passer le pouvoir à un gouvernement civil normalement élu dans les conditions transparentes et inclusives’’.
Mais, précise-t-il, « lorsqu’on nourrit des ambitions politiques et qu’on ait conduit la transition, ils sont libres de revenir conquérir le pouvoir par l’électorat comme tout autre guinéen et fonder le pays comme ça les convient. Tout le monde voudrait bien que la Guinée soit refondée, mais il faudrait que cela soit fait comme il se doit. Pas parce qu’on a envie de dire les choses et que derrière, on se rend compte que c’est juste de la manipulation. Nous sommes en 2023 où les esprits ont évolué quand-même », a-t-il lâché.
Lors de son adresse à la nation le 31 décembre dernier, le Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, avait parlé d’un compromis dynamique trouvé entre les nouvelles autorités et la CEDEAO autour de la durée de la transition. Cependant, le leader du parti Model à l’image de certains, pense que cette l’hypothèse sur la durée de la transition n’est pas à exclure, face l’impression que les militaires sont en train de montrer.
« Même si je ne serais pas formelle sur un quelconque procès d’intention des nouvelles autorités, il faut dire que très souvent, il y a de la subtilité dans les mots. Ils sont en train de donner l’impression à la population en posant certains actes. Mais ce serait vraiment dangereux de faire durer la transition. Parce qu’une transition, plus elle dure, plus elle s’éternise. Ça c’est évident dans presque tous les pays du monde. Et quand c’est le cas, c’est soit un danger qui est dedans ou bien c’est une dictature qui est en train d’être mise en place », craint l’opposant, rappelant tout de même que la transition du CMRN qui a duré 9 ans (1984 à 1993), a accouché selon lui, des régimes militaires et totalitaires jusqu’en 2008.
« Le CNDD est parti aussi pour rester et aujourd’hui, c’est son procès qui est en train de se tenir au pays. Alors la transition actuelle n’a pas intérêt à vouloir jouer avec le temps. Vous pouvez trouver tous les arguments comme quoi, on n’a pas cela, on n’a pas ceci, nous nous ne sommes pas entendus sur telle ou telle chose (…). Mais, plus vous prenez du temps pour une transition, plus vous vous éternisez, parce qu’il y a une situation économique très précaire qui ne peut pas se résoudre pendant une transition ».
Poursuivant,il a fait remarquer que beaucoup de combines se passent pendant la transition, juste pour donner l’impression que tout fonctionne bien, alors que l’économie mafieuse se met à la place d’une économie réelle.
« Ça, c’est valable pour toutes les transitions du monde. Alors des risques comme la paupérisation de la société, la précarité dans laquelle les gens vont vivre, va les emmener un jour à se révolter parce qu’ils ne peuvent plus continuer de vivre de cette façon. Ce sont des choses qui renvoient une très mauvaise image et il faut qu’on fasse attention. Si on fait de l’élasticité par rapport au calendrier de la transition, je vous garantis qu’on risque de dévier. Et je l’ai dit aux autorités de la transition mais aussi en public, que l’échec d’une transition n’est que la reprogrammation d’une autre », a-t-il prévenu.
Sâa Robert Koundouno
Last modified: 1 février 2023