Conakry: les jeunes manifestent contre l’implantation d’une usine au cœur de Gbessia

 » Ils veulent installer une soi-disant usine de raffinerie dans notre quartier. Les femmes, hommes et jeunes du quartier se sont opposés à cela pour le moment. Nous avons dit qu’une usine de raffinerie sans aucune étude d’impact environnemental est impossible. Dans la soirée d’hier après une mobilisation et sensibilisation de la population du quartier, nous avons fabriqué les pancartes pour réclamer notre droit disant qu’on n’a pas besoin d’une usine de raffinerie d’or chez nous. Une usine qui ne peut pas cohabiter avec les hommes» a laissé entendre Mamady 1 Kaba, citoyen de Gbessia cité de l’air.

« L’impact sur le quartier est qu’ils ont creusé les forages sur le site et ces forages ont conduit au tarissement de nos cours d’eau. Tous nos points d’eau ont tari. Il y a un forage qui est tout près du site, actuellement quand vous puisez l’eau, c’est une couleur rougeâtre que vous obtenez. Tout est infecté . Nous sommes restés avec cette inquiétude, ce matin les gendarmes sont venus cueillir un de nous  et on ne sait pas où ils l’ont envoyé. Ils ont tapé à sa porte mais il n’a pas répondu , il n’a pas voulu ouvrir la porte c’est ainsi qu’ils ont offensé sa porte . Ils l’ont cueilli avec sa moto et quelques objets ont été emportés par les gendarmes vers  04h du matin.

Dès après la prière de l’aube, les jeunes se sont mobilisés, ils sont sortis et les deux pickups qui étaient dans le quartier ont commencé à lancer les gaz lacrymogènes et ols ont appelé les renforts. À chaque fois que les jeunes se mobilisent, ils les repoussaient par les jets de gaz, jusque dans ma cour. Actuellement notre quartier est pris par les gendarmes et les jeunes n’ont pas où aller. C’est l’inquiétude qu’on a maintenant. Est-ce ainsi qu’il faut agir pour arrêter un citoyen ? Est-ce l’agissement d’un Etat normal pour installer une usine de raffinerie », confie-t-il.

Contacté par notre rédaction, le chef de quartier Elhadj Seydou Millimono nie l’appartenance de ce terrain à la jeunesse.

 » Ce que je sais c’est que quand les gens étaient en train de travailler à Sans-fils là-bas, il y a des adductions d’eau qui se sont gâtées mais la SEG est venue. Sur le financement de la société ils ont réparé les adductions d’eau jusqu’à 0h. Depuis lors les femmes n’ont pas revendiqué . Sur le tarissement des puits, vous savez que nous sommes dans le mois d’Avril, tous les puits du quartier tarissent à l’heure là. Moi je ne suis pas informé de ce tarissement des puits là parce qu’il y a un mois et demi que j’ai pris fonction. Ce que je sais, ils sont venus et on a sensibilisé tout le monde. Comme il y’avait un espace plein, ils avaient confié l’affaire à l’ancien chef de quartier pour que les jeunes puissent y jouer. On a appris que cette société a cédé aussi le terrain au ministère des géomines pour l’installation d’une usine de métallurgie mais là il y a une société qui est en train de préparer le terrain pour que la société vienne un jour s’installer», a répliqué monsieur Millimono.

Concernant son désengagement vis-à-vis des manifestations, il confirme en ces termes: « Vers 4h du matin, on m’a appelé comme pour dire que les gendarmes sont venus arrêter un certain leader du nom de Mathias. J’ai demandé qu’est-ce qu’il a fait puisqu’on vient avec la convocation la journée mais la nuit, là je pense qu’il y a un mandat contre lui. J’ai dit que je ne sais pas, je ne peux pas me rendre là-bas . Donc j’ai raccroché. A 06h du matin, les gens sont venus en scandant « Abas le chef de quartier”… ils ont défoncé mon portail et sont rentrés . Les voisins sont sortis et ils ont revendiqué en disant que je ne me suis pas présenté à la faveur du détenu donc les voisins les ont repoussés».

Sur ces mots, les forces de sécurité ont géré la situation en maintenant les carrefours dudit site, en attendant que la liste des manifestants identifiés ne soit déposée à la commune comme l’indique le président du conseil du quartier, Elh Seydou Millimono.