Le verdict final relaxant les leaders du FNDC et le secrétaire exécutif de l’UFR est tombé hier mardi, devant le tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Ibrahima Diallo respectivement coordonnateur et chargé des opérations du FNDC, ainsi que le secrétaire exécutif de l’UFR, Saïkou Yaya Barry, ont tous été acquittés pour délit non constitué. Abdoul Sacko, le coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), a donné son avis sur cette décision rendue par le juge Kabinet Djènè Keïta, ce mercredi, 14 juin 2023 à Mediaguinee.
« La première dimension, c’est qu’il y en a encore qui se battent pour s’affranchir de l’attitude politique à laquelle la justice guinéenne est soumise aujourd’hui de la part du CNRD. Mais ce qui est regrettable, c’est cette forme d’arnaque qui a été offerte aux Guinéens en disant que la justice serait la boussole, sans pour autant donner la nature de ladite boussole. Est-ce que la boussole qui va établir les citoyens dans leurs droits? Est-ce que la boussole pour protéger les uns et les autres en fonction des lois de la République? Ou bien la boussole pour orienter uniquement dans les agendas politiques du CNRD?», s’est interrogé M. Abdoul Sacko. Et d’ajouter : « nous pouvons dire que si la justice est une boussole, c’est qu’elle est orientée aujourd’hui vis-à-vis des agendas politiques, ce qui est regrettable’’.
Aux dires de l’activiste guinéen, si les nouvelles autorités à travers le département de la Justice ne prennent pas garde dans cette récupération des biens publics, « ça va être en quelque sorte une forme de règlement de compte, de guerre de sentiments, de guerre des intérêts et même une forme de guerre de clan contre des citoyens et contre la République. Citant le juge Kabinet Djènè Keïta comme exemple parmi tant d’autres, Abdoul Sacko a laissé entendre aux autres juges et à tous ceux qui sont dans l’appareil judiciaire, de savoir que tout a une fin et que le temps reste et demeure le meilleur juge, puisque tout acte que l’on pose aujourd’hui, peut d’une manière ou d’une autre nous rattraper tôt ou tard.
« Les hommes du monde de la justice doivent faire leur indépendance comme exprimée sur le papier à travers les règles et les lois de la République. Il faut qu’ils aient ce courage de s’assumer. S’ils ne se préparent pas moralement, qu’ils ne parviennent pas eux-mêmes à se doter de ce courage, de cette honnêteté intellectuelle pour faire face aux attitudes politiciennes qui ne vont jamais manquer de la part de nos gouvernants, l’indépendance de la justice et tout autre investissement à travers les magistrats n’aura aucun sens et ça ne sera que l’investissement sur le dos du contribuable guinéen », a-t-il regretté.
Foniké Mengué, Ibrahima Diallo ou encore Saïkou Yaya Barry, ne sont pas les seuls Guinéens à être passés dans les geôles du pays. Comme eux, les cadres de l’ancien parti au pouvoir, Dr Ibrahima Kasssory Fofana, Oyé Guilavogui ou encore Dr Mohamed Diané, croupissent aussi à la maison centrale pour les cas de « détournement présumé », d’enrichissement illicite mais aussi de corruption. Loin d’être contre la moralisation de la chose publique, Abdoul Sacko pense que la détention prolongée de ces cadres n’a finalement aucun lien avec cette question de moralisation.
« C’est seul le CNRD qui sait le pourquoi et l’intérêt qu’il gagne. De quoi ils ont peur en maintenant ces pauvres citoyens en détention ? Sinon, nous sommes tous d’accord pour la moralisation de la chose publique, mais une fois encore, nous ne sommes pas pour les règlements de comptes. La loi doit être respectée dans toutes ses dimensions. Elle ne doit pas servir les attitudes politiques et les agendas politiciens. La loi doit plutôt servir la République, le droit, l’équité, la transparence et donc, la cohabitation pacifique entre les uns et les autres, dans le respect des principes et des valeurs. Alors je pense que ces gens-là au jour d’aujourd’hui, n’ont pas leur place en prison. Ils ne devraient même pas être arrêtés et conduits en prison sans qu’on ne puisse avoir des éléments de preuves tangibles sur la base d’un audit responsable fait par des spécialistes en la matière avec des éléments probants. Il faut qu’on ait ce courage de dire dans ce pays. Il ne faut pas qu’on défende la loi et le droit parce que simplement ça nous arrange, ou laisser les gens une fois qu’ils sont brimés dans leur droit, on les abandonne parce qu’on n’aime pas leur tête, ou bien parce qu’on a eu des contradictions, parce que ce sont des potentiels concurrents ou adversaires en effet », a-t-il indiqué.
Pour rappel, Foniké Menguè et Cie étaient poursuivis pour des faits de provocation à un attroupement armé, de complicité, de coups et blessures volontaires et destructions d’édifices publics et privés.
Sâa Robert Koundouno
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Last modified: 15 juin 2023
