Les événements du 4 juillet 1985 consécutifs à la présumée tentative de coup d’Etat attribuée au colonel Diarra Traoré continuent de faire couler des flots de salive et d’encre en Guinée. Un Guinéen résidant aux Etats-Unis d’Amérique a cru devoir témoigner sur ce que beaucoup considèrent comme une page sombre de notre histoire post-coloniale. Lisez…
“La peur des uns par rapport aux autres, est la seule et unique raison qui justifia d’antan, et qui justifie encore en 2021, cette maléfique idée de tentative de coup d’Etat ou autre tentative de déstabilisation, pour justifier des fermetures de frontières.
Cet état d’esprit maléfique empêcha et empêche encore tout processus de développement de la Guinée. Toute chose qui met en évidence la nécessité, comme en Afrique du Sud et ailleurs, d’un débat national Vérité-Réconciliation afin que tous les témoignages soient dits, connus, enregistrés, afin de nous débarrasser définitivement de ces états d’esprit maléfiques.
L’objectif de ce témoignage est de pousser vers un tel débat national sur les pages noires de la Guinée, libérer les esprits, asseoir de fortes convictions de vivre ensemble, sereinement, sans trouille des uns contre les autres, en faveur du développement commun.
Très tôt, sur les bancs du lycée et de l’université, j’ai toujours été actif à produire de la richesse pour moi-même. De l’achat de soude caustique au port de Conakry pour aller vendre en Forêt, racheter des bananes aloco, de l’huile rouge, pour revendre à Conakry, j’ai très tôt été un étudiant avec quelques moyens financiers. Ces activités s’étendront au diamant et à l’or , entre Banankoro et Conakry .
Dans ce dernier volet, des intrigues contre moi amèneront des gens à porter plainte contre moi, à la Direction de la police à Conakry, précisement chez feu le commissaire Victor Traoré.
Pour ma défense, feu le commissaire Loucény Traoré m’introduira auprès du directeur national de la police, feu Hervé Bangoura, qui repris la plainte et fit la part des choses. Et depuis, nous fûmes de très grands amis, petit-frère-grand-frère, au point qu’il m’introduira dans sa famille. En 1984, devenu ministre de l’Intérieur, il me confia certains de ses frères pour les initier aux affaires.
Très tôt, à l’avènement du CMRN, la peur maléfique des uns contre les autres conduira un certain nombre de cadres du ministère de l’Interieur, dont feu Mouloukou Souleymane Touré à entreprendre une tentative de déstabilisation du CMRN.
Cette situation mettra le CMRN à son tour dans un état de peur maléfique contre les barons du régime précédent. Et Hervé Vincent Bangoura qui avait lui-même été un des barons du régime précédent, en tant que commissaire principal, donc témoin de toutes les méthodes d’atrocités d’antan, se convaincra de la fragilité de la situation et mènera le front de réaction contre d’éventuelles tentatives de déstabilisation du CMRN. Et cette grande peur, après la répression de 1985, ira jusqu’à conduire Hervé Vincent Bangoura, à modifier le plan de construction de la résidence présidentielle, au camp Samory Touré, pour y ajouter un bunker.
Sa position d’antan de commissaire principal, donc aussi auteur de toutes les atrocités d’avant, et ses amitiés profondes avec les anciens barons, le mettra sur le piédestal de la contre-attaque, en faveur du CMRN.
La stratégie était très simple. Elle consistait à manifester verbalement et activement sa fidélité amicale avec ces anciens barons, les mettre en confiance, dénigrer ensemble le CMRN et souhaiter un retour à l’ancien régime .
L’excès de confiance en soi et l’arrogance de ces anciens barons lui faciliteront la tâche. Le bavardage sur le renversement prochain du CMRN était partout dans la cité, à grand son de sirène.
Le processus se bouclera par le recrutement de quelques cadres de la communauté des anciens barons, comme taupes du CMRN.
Ce sont ces cadres recrutés qui auront pour charge de produire l’argument de la répression, de peur des uns contre les autres. Ce argument fut l’enregistrement par avance, sur une cassette, du discours de prise de pouvoir, afin de le faire passer à la RTG, le moment venu.
Ce argument obtenu, il ne suffisait plus qu’à planifier le moment du déclenchement de la répression de peur des uns contre les autres.
Par malheur pour moi, je venais d’importer 2 conteneurs de marchandises et je n’avais eu de magasin à louer qu’à Matam (côté Autoroute). Ce magasin se situait à moins de 200m du domicile de la soeur à Diarra Traoré. Chose que je ne sus qu’après.
Avec la complicité de mon gardien, de la communauté soussou, assis aussi dans sa peur, qui habitait à 50 mètres du magasin, des émeutiers qui attaquèrent la soeur à Diarra, cassèrent aussi les serrures du magasin , pour prendre tout, jusqu’aux carreaux. S’ensuivit ce que tout le monde sait .
Mais le point saillant de toute cette expression de peur, ce sont les cadres taupes de la communaute des anciens barons, qui seront les éléments essentiels qui auront réussi à piéger les Diarra Traoré, Mohamed Oumar Kébé, Fangama et autres. Evidemment, ces cadres taupes seront aussi arrêtés , mais pas exécutés, et libérés par la suite .
Non, il n’y a pas eu de coup d’Etat réel. Il y a eu espionnage de peur entre 2 camps et l’un devancera l’autre.
Malheureusement, ce dangereux état d’esprit persiste encore en 2021, en Guinée. Il faut donc tirer la sonnette d’alarme. La Guinée ne se développera jamais avec cette malediction d’état d’esprit. Seul un débat national ‘’Vérité-Réconciliation’’ peut empêcher de futures maledictions de peur des uns contre les autres et nous unir, nous rassembler pour sortir de cette misère.”, a-t-il témoigné.
JOHN CB BOLIVOGUI
JCBBHOLDINGS
USA
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L’article 4 Juillet 1985: y a-t-il eu un coup d’Etat ‘’Diarra’’ en 1985 ? (Par John Bolivogui) est apparu en premier sur Mediaguinee.org.
Last modified: 11 juillet 2021